"A mon avis, c’est un endroit pour se ravitailler aussi favorable qu’on peut le souhaiter, d’autant plus que l’île est inhabitée", écrivait Samuel Castleton, passager du navire The Pearl, qui y débarqua en avril 1613 et la dénomma "England’s forest". En juin 1616, le R.P. Mariano confirmait l’information : "l’île Mascarenhas, malgré son aspect verdoyant et l’abondance de ses eaux, nous a semblé sans grand intérêt, d’abord parce qu’il n’y a point d’habitants, et puis parce qu’elle ne possède pas de port". "Il n’y a point de peuple dans cette île", notait, en 1619, le maître d’équipage du Niew Hoorn, Villem Ysbrantsz Bontekoe. "Il n’y a point d’autres créatures en cette île que des oiseaux", signalait, en 1629, Thomas Herbert à l’occasion d’une escale dans l’île Mascarin. Une île où va bientôt croître une population originale, celle des "Blancs de Saint-Paul", premiers habitants de Bourbon, dont l’aventure nous paraît si précaire et si passionnante, précisément parce qu’ils ignoraient où elle les conduirait. Population exceptionnelle, à l’origine de l’histoire de Bourbon et qui apparaît comme l’exemple du peuplement d’une île déserte, d’une colonie vide d’hommes.